Spindrift racing remporte la première course du circuit MOD70, la KRYS OCEAN RACE

Spindrift racing- Marseille City Race 28.07.12

New York - Brest en moins de 5 jours!  

Après plus de trois ans de préparation, de gestation et un investissement financier important, la flotte des cinq MOD70, trimarans monotypes, a été récompensée avec une météo impeccable qui leur a permis de réaliser des débuts extraordinaires lors des 2950 milles de la KRYS OCEAN RACE qui reliait New York à Brest.

Malgré le peu de vent au départ de Manhattan le 7 juillet, pendant que les New-Yorkais souffraient de la plus chaude journée de l’année, les 30 équipiers des MOD70 sont rapidement allés accrocher leurs étraves à la dépression qui allait les accompagner tout au long de leur traversée de l’Atlantique.

Et c’est Yann Guichard et ses cinq équipiers à bord de Spindrift racing, le MOD70 N°5 mis à l’eau en janvier, qui a mis la barre très haute pour cette première édition de la KRYS OCEAN RACE.

Avec un équipage qui n’a rien lâché et qui comptait une grosse expérience de multicoque (en particulier à la barre et aux réglages), Yann Guichard a franchi la ligne d’arrivée sous la pluie bretonne au Phare du Petit Minou au large de Brest seulement 4 jours 08 minutes et 37 secondes après avoir quitté New York.

Spindrift racing a parcouru 3284 milles à une vitesse moyenne de 28,04 nœuds.

C’est à peu près à Ushant, dans l’approche finale vers Brest que les vainqueurs ont empanné pour la première fois depuis leur départ des eaux américaines ! Incroyable !

Première nuit : Action !  

La tête de la course n’a cessé de changer pendant les premières 12 à 24 heures de course. Pendant la première nuit, le co-fondateur de la classe Stève Ravussin avait une petite marge d’avance quand il a informé le PC Course que son Race for Water était entré en collision avec un container flottant. Cet incident avait beaucoup endommagé la dérive. Le Suisse rapportait plus tard que le bateau était littéralement passé de 21 nœuds à un arrêt complet en quelques secondes.

Avec une fissure dans la coque centrale, Race for Water a fait des réparations rapides mais sans pouvoir arrêter l’eau d’entrer. Dans une situation très délicate, devant écoper toutes les 40 minutes, l’équipage a été décroché du système météo et a dû parcourir des milles supplémentaires pour pouvoir arriver à bon port à une frustrante cinquième place.

Musandam-Oman Sail, skippé par Sidney Gavignet était également en haut de tableau le lendemain quand il a fallu ralentir après une défection du foil bâbord. En l’inversant avec le foil à tribord, l’équipage a pu continuer à bonne vitesse mais sans pouvoir soutenir le rythme imposé par les leaders. Avec deux Omanais moins expérimentés à bord, leur objectif premier a été atteint lorsqu’ils ont franchi la ligne d’arrivée à Brest en quatrième position.  

Spindrift racing prend la tête et parcourt 711.9 milles en 24 heures

Spindrift racing a rattrapé FONCIA puis a profité de son avantage du départ lors de la deuxième nuit qui s’est avérée difficile, noire et compliquée avec un vent et une mer qui ont commencé à se former. Ils ont  navigué large et vite en gardant leur gennaker dans des vents de Sud-Ouest de plus de 30 nœuds tandis que leurs concurrents ont navigué plus serré avec des voiles d’avant standard. 

Leur avance s’est construite de façon régulière. De trois milles, l’avance de Yann Guichard est passée à 17 milles, puis 26 milles et 24 heures plus tard seulement, Spindrift racing laissait Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) et FONCIA (Michel Desjoyeaux) dans son sillage, 79 milles derrière lui.

La KRYS OCEAN RACE étant la première course transatlantique de la classe, le duo de chasse, bien que très expérimenté, n’était pas prêt à prendre autant de risques si tôt. Mais sur une route directe inattendue, qui s’est avérée fermée à toute option stratégique, Spindrift racing est devenu intouchable.

Le rythme était au-delà de toutes les attentes.

Les estimations officielles comptaient sur six jours de course, voire en fin de cinquième journée, pour que la flotte des MOD70 ne fasse son entrée au cœur des festivités des Tonnerres de Brest. Mais en l’espace de 48 heures, Spindrift racing avait déjà avalé 711,9 milles en 24 heures, le meilleur temps de la course. Les trois premiers bateaux ont tous fait plus de 700 milles sur 24 heures lors de la première partie de la course, avant que la mer ne se forme.

 

Que les MOD70 soient arrivés avant même que les festivités aient commencé le vendredi 13 juillet importait peu.  

En fait, ce n’est qu’à l’approche de l’Irlande, puis à la pointe de l’Angleterre que Spindrift a beaucoup ralenti en passant à moins de 20 nœuds.

Pendant quelques heures, l’équipage a négocié une dorsale dûe à l’anticyclone des Açores et Groupe Edmond de Rothschild et FONCIA ont pu rattraper leur retard. L’écart s’est réduit à moins de 30 milles.

Rapidement, tous se sont retrouvés sur la même autoroute, ce front bienveillant attrapé à New York et Spindrift racing est arrivé le premier sur la ligne d’arrivée à plus de 30 nœuds !

L’équipage de Spindrift racing a été largement applaudi à son arrivée. Yann Guichard avait pour premier lieutenant Pascal Bidégorry qui avait établi le record de l’Atlantique en 3 jours 15 heures 25 minutes et 48 secondes en 2009. Parmi les vainqueurs de cette KRYS OCEAN RACE à bord de Spindrift racing, on retrouvait entre autres Kevin Escoffier et Jean Baptiste Le Vaillant.

Podium complet en moins de 1 heure 40 !

Le concept du monotype en course sur l’Atlantique à armes égales fonctionne et se retrouve immédiatement adopté surtout avec un podium constitué en moins d’une heure 40 !

1 heure 11 minutes et 12 secondes après Spindrift racing, Sébastien Josse et l’équipage de Groupe Edmond de Rothschild s’adjugeaient la deuxième place après avoir été poursuivi vigoureusement pendant plus de 4 jours par le double vainqueur du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux et l’équipage de FONCIA qui ont à leur tour franchi la ligne en troisième position seulement 28 minutes et 8 secondes plus tard. 

Sébastien Josse et son jeune équipage sont probablement l’équipage qui a eu l’entraînement le plus soutenu, ayant travaillé au Maroc pendant les mois d’hiver dans le cadre d’un programme structuré et cohérent avec des conditions de vent idéales. Leur équipage est fort de talents multiples venant d’horizons très divers malgré une expérience en multicoque pure moindre.

Le niveau est donc défini pour l’European Tour 2012 des MOD70 qui partira de Kiel en Allemagne le dimanche 2 septembre prochain. Les challenges y seront très différents.

Pour un début, la flotte des MOD70 aurait pu souhaiter une course plus longue que la KRYS OCEAN RACE. Mais avec un système météo servi « sur mesure », la course fut simple, extrêmement rapide et directe et être reçu au cœur des Tonnerres de Brest, qui attire près d’un million de visiteurs et plus de 2000 bateaux, des bateaux de guerre aux vieux gréements en passant par les coracles et les dinghies faits main à Brest a apporté à la flotte des MOD70 un public immense et passionné.

Franck David, PDG de Multi One Design conclut :  

« Nous sommes ravis que la course soit finie. C’était un gros challenge pour l’organisation et pour les teams. Nous avons parlé avec chacun des skippers à leur arrivée et ils nous disent que les bateaux sont de très bons bateaux, avec une bonne fiabilité et une bonne performance. »

« Nous avons 100% des bateaux au départ à l’arrivée. C’est une bonne course et un bon début pour nous. Et 711 milles en 24 heures pour Spindrift racing reflète l’excellent niveau pour les Multi One Design. »

« Nous avons bien sûr été surpris de la vitesse à laquelle ils sont allés. Quatre jours et 21 heures est assez incroyable. Nous nous étions préparés pour une traversée en six jours alors ça a été dur au niveau de l’organisation pour préparer l’arrivée à Brest ! »

« Tout le monde à bord est ravi et nous sommes satisfaits de l’organisation. C’est un beau moment pour nous et nous avons maintenant hâte de commencer l’European Tour dans un mois. »

Arrivées de la KRYS OCEAN RACE (UTC +2 heures)

1-Spindrift-racing  (Yann Guichard) arrivé le 12 juillet à 12h 08 '37 à 25.3 nœuds de moyenne (route théorique) en 4j 21h 08' 37

2-Groupe Edmond de Rothschild  (Sébastien Josse) arrivé le 12 juillet à 13h 19 '49 à 25.06 nœuds de moyenne (route théorique) en 4j 22h 19' 49

3-FONCIA (Michel Desjoyeaux) arrivé le 12 juillet à 13h 47 '57 à 24.96 nœuds de moyenne (route théorique) en 4j 22h 47' 57

4-Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) arrivé le 12 juillet à 22h 05 '38 à 23.3 nœuds de moyenne (route théorique) en 5j 07h 05' 38

5-Race For Water (Steve Ravussin) arrivé le 13 juillet à 07h 32 '32 à 18.47 nœuds de moyenne (route théorique) en 6j 16h 32' 32

Citations, best of :

Yann Guichard, skipper de Spindrift racing : « Finalement, tout s’est joué dans notre capacité à rester sous gennaker plus longtemps que les autres pendant la deuxième nuit de course. Le vent était très fort quand nous sommes entrés dans la dépression et nous avons beaucoup accéléré, jusqu’à près de 35 nœuds. La mer était encore très calme et plate alors nous avons poussé un peu plus que nos concurrents. Nous avons réussi à combiner bonne vitesse du bateau et meilleur angle de vent. Nous avons glissé au portant toute la nuit et le matin suivant, nous étions en tête, sur une meilleure route avec plus de vitesse. Après, il a fallu gérer cet avantage ce que nous fait vu que, jour après jour, nous étions le bateau le plus rapide de la flotte. Il n’y a qu’aux Scilly que nous avons ralenti à cause de l’anticyclone qui est venu mourir sur nous. Mais nous avions une petite avance sur la concurrence qui s’est avéré suffisant pour nous assurer la victoire. »

Sébastien Josse, skipper de Groupe Edmond de Rothschild : « Que l’arrivée soit si serrée est un bon signe pour les bateaux qui courent ensemble. Lors des premières 48 heures, nous avons franchi la barre des 700 milles et c’est bon pour l’avenir. Je ne pense pas qu’on puisse aller beaucoup plus haut que ça, peut-être 10 milles parce que nous avions vraiment des conditions idéales. Le Tour de l’Europe sera complètement différent, des étapes plus courtes de deux jours, peut-être du près au Nord de l’Ecosse… On a un peu parlé des Shetlands, c’est vraiment très Nord. » 

Michel Desjoyeaux, skipper de FONCIA : « Je pense que c’est une très bonne équipe et qu’ils ont beaucoup tiré sur le bateau au portant. Il faut être précis quand tu pilotes le bateau et que tu règles les voiles, peut-être que nous devons travailler là-dessus. Bien sûr, c’était notre première course transatlantique au portant et l’objectif premier était de finir la course et de  ne pas chavirer. Alors si tu ne prends pas de risques, tu perds des places. C’est le jeu. Mais nous sommes contents de finir avec trois bateaux en moins de deux heures après cinq jours de course et une course très très rapide. »

Sidney Gavignet, skipper de Musandam-Oman Sail: « Avec le foil cassé, il n’y avait aucun moyen de revenir mais nous avons bien réagi. La prochaine fois, nous réagirons plus vite. Mais nous avons quitté le système, fait un pas en arrière avec aucune chance de revenir. Nous avons validé notre apprentissage. Notre objectif était de terminer, on l’a fait mais on a aussi beaucoup appris et ça, on le garde pour nous. Je suis assez confiant, nous pouvons être dans le match sur la prochaine course. Etre en tête à New York, on a eu de la chance, et c’était délicieux sur le coup. »

Brian Thompson, Musandam-Oman Sail : « C’est incroyable ! Il n’y a sans doute que trois autres multicoques qui sont allés plus vite que nous en MOD70. Nous sommes partis à une date aléatoire choisie il y a un an. Et la météo a été parfaite ce jour-là. Nous étions devant le front froid tout au long de la course, à notre vitesse de 25 nœuds de moyenne tout du long. J’ai passé six mois de ma vie à New York à attendre une bonne fenêtre météo et on ne l’a jamais eue ! Et là, en partant au hasard, on a eu ce super temps. C’était un run de rêve ! »   

Stève Ravussin, skipper de Race for Water : « Quand tu entres en collision avec un objet flottant comme ça, dans les premières secondes, tu te demandes ce qui vient de se passer. Dans les minutes qui suivent, tu analyses la situation par rapport au bateau en te demandant quelles sont les options, New York ou Les Açores. Mais ce qui s’est passé n’était pas trop grave et nous avons décidé de terminer la course. Mais nous avons eu de la chance de rencontrer des conditions qui nous ont permis de naviguer au portant sans dérive. Nous sommes satisfaits d’avoir ramené le bateau à Brest. On peut dire que le MOD70 est un bateau solide vu le choc qu’il y a eu à environ 20 nœuds de vitesse.

« Le projet de notre bateau Race for Water, c’est la préservation des océans et ce n’est pas cool que les cargos jettent des containers en mer comme ça. Le but c’est de les emmener à destination.

« Les politiques doivent travailler là-dessus, comme ils le font pour l’essence dans l’eau et le plastique sur l’eau. Cela devrait être interdit. »

 

Records de l’Atlantique  – pour comparaison,

Le parcours WSSR d’Ambrose Light NY au Cap Lizard, en Cornouailles en Grande-Bretagne est de 2910 miles.  

Le parcours de la KRYS OCEAN RACE de New York à Brest est de 2950 miles.

2001 : Steve Fossett, PlayStation, catamaran de 125 pieds, équipage de 11 personnes en  4 jours 17 heures  28 minutes et 6 secondes 

2006 : Bruno Peyron,  Orange II, catamaran de 120 pieds, équipage de 12, 4 jours 8 heures 23 minutes et 54 secondes

2007 : Franck Cammas, Groupama 3, trimaran de 103 pieds, équipage de 12, 4 jours 3 heures 57 minutes et 52 secondes

2009 : Pascal Bidégorry, Banque Populaire V, trimaran de 103 pieds, équipage de 14, 3 jours 15 heures 25 minutes et 48 secondes

 

 

 

 



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